mercredi 16 mars 2011

Un pas vers dieu ?


Ah… Je perçois d'ici votre inquiétude (toute légitime) à la lecture de ce titre un brin provocateur, mais pas dénué d'une certaine réalité. Ceux qui connaissent mon aversion pour toute religion en sont même probablement tombés à la renverse, mais laissez-moi faire le point sur mes 10 premiers mois de course à pied et apporter toute la lumière (comme on dit en politique) sur ce titre ô combien énigmatique.

Je cours depuis un peu plus de 10 mois. Je fais 2 à 3 sorties par semaine. Deux sorties courtes (de 30 à 45 minutes) mais techniques, et une sortie longue (de 1h15 à 1h30) en endurance douce. Mes sorties longues (celles que je préfère) oscillent entre 10 et 12 km et se font de préférence sur sentiers forestiers stabilisés. Le premier mai dernier, lorsque j'ai commencé, je courais 3 minutes et j'étais bien plus crevé que lorsque je fini ma sortie d'1h30 aujourd'hui !

Quand je cours, je pense. Je pense à mes petites douleurs musculaires et tendineuses, je pense à ma foulée toujours hésitante et à ma respiration. Je pense aussi à cette étrange révélation qu'à été la course à pieds, il y a à peine un an. Je pense à Bruno, qui m'a donné les clés indispensables pour débuter ce sport en douceur. Il est à mes côtés. À chaque fois. Je pense. Je pense et je m'imprègne des paysages que je traverse, des forêts dans lesquelles je me fonds, des odeurs de sous-bois qui m'oxygènent et me donnent envie de continuer l'effort pour courir plus loin, plus vite, plus longtemps. L'effort.

Il est étrange, cet équilibre entre l'effort fourni (parfois dans la douleur), et le plaisir ressenti. Oui, courir, c'est difficile. Mais oui, courir, c'est aussi une sensation agréable. Je parle d'équilibre, mais il doit plutôt s'agir d'un déséquilibre, puisque manifestement, le plaisir et plus fort que la douleur. Mais ce qui me fait souffrir, quand je cours, je sais ce que c'est ! Je mets des mots sur mes douleurs : essoufflement, point de côté, crampe, tendinite, douleurs musculaires et articulaires, etc. Ce qui me procure du plaisir est beaucoup plus difficile à définir. C'est un sentiment vague, mélange nébuleux entre satisfaction personnelle et expérience mystique. Le mot est lâché. Mystique.

J'ai le sentiment, quand je pars courir, de quitter mon enveloppe corporelle. Je ne suis plus "Arnaud". Je deviens "personne". Je m'extrais de ma réalité sociale pour, pendant 1h, ne plus exister que pour moi-même. Et si les 10 premières minutes sont difficiles, progressivement, les douleurs s'estompent, puis disparaissent au bout d'une demi-heure de foulée régulière. Là, le corps devient léger, la foulée devient fluide et souple, puis le poids du corps disparait.

Il est un moment... où le poids du corps disparait.