jeudi 7 mars 2013

Reprise en douceur…


Ah… Ça fait longtemps que j'attends ce moment. Le moment où je peux enfin sortir de chez moi sans me trouver immédiatement pétrifié par le froid sibérien (je sais, je vis dans les Vosges, mais avec ce fichu réchauffement de planète, les glaciers fondent, la banquise prend le large, les pingouins transpirent et moi j'ai la goutte au nez !).

Et ce soir, POF, ça me prend, comme ça. L'air est doux, il ne pleut pas, c'est l'occasion ou jamais de ressortir les chaussures, la frontale, et… les jambes !

Alors pour ce qui est des chaussure, là, rien à dire, hein ! Pour la frontale, il a fallu un nettoyage en profondeur pour la rendre fonctionnelle, mais ça va. En revanche, pour ce qui concerne les jambes, alors là… c'est une autre histoire. 


Pour ceux qui ont du mal de suivre mon parcours sportif hors-normes, j'ai arrêté de courir il y a 18 mois pour cause de blessures. Quand on arrête le vélo 18 mois, on sait toujours pédaler. Quand on ne nage pas pendant 18 mois, on sait toujours nager. Eh bien quand on ne court plus pendant 18 mois, on est une crotte ! Mais alors… une grosse crotte ! Alors que je courais plus de 2h d'affilée sans (trop de) difficultés, je ne suis plus aujourd'hui capable que de courir 3 minutes (et encore, en soufflant comme une vieille cafetière mal détartrée !). 



"Arnaud, sois fort !" me répète une petite voix dans ma tête ! C'est qu'il en faut, de la motivation, pour dérouiller tout ça. J'alterne marche et foulée lente, mais je sens bien qu'il est loin, le semi-marathon. 



3 km… C'est bon pour aujourd'hui. Mes douleurs lombaires et genouillesques n'ayant toujours pas disparu, je me préserve. Et surtout… je suis mortibus ! Kaput. HS !

Ça vaut ce que ça vaut, mais…
            … c'est ma première sortie !

mardi 26 février 2013

Pitch de ma prochaine histoire
















Il s’appelle Gabriel.

Il vit dans un grenier aménagé en appartement, depuis sa naissance.

Hier, il a fêté son dix-septième anniversaire autour d’un gâteau, en l’unique compagnie de sa mère. À cette occasion, elle lui a offert un livre épais aux pages vierges.
Dans ce livre, Gabriel va écrire son histoire, ses peurs, ses colères.

Quelques semaines plus tard, un incident va se produire. Un incident qui va conduire l’adolescent, pour la première fois de son existence, à l’extérieur. Un incident qui va le confronter au réel, aux étranges habitudes des habitants de Mont-Rouge, à la vérité.

Jour après jour, il va consigner son histoire dans son gros livre noir. Il va y poser toutes ses questions, mais c’est dans les brumes éternelles du village de Mont-Rouge qu’il trouvera les réponses.

mardi 8 janvier 2013

Cinq mille cygnes


















(Cette nouvelle est le fruit d'une participation à un concours de nouvelles. Elle devait compter moins de 5000 signes et commencer par la phrase "5000 cygnes passent dans le ciel")
 
Cinq mille cygnes passent dans le ciel. À chaque fois c'est la même chose.

J'habite au premier étage d’une coquette maison de ville depuis bientôt 5 ans. Et là, au rez-de-chaussée, juste en dessous, il y a une petite boutique. On y trouve des poupées de bois et de tissu, des marionnettes et pléthore de petites bestioles en mousse. C'est une toute petite boutique. En hiver, il y fait sombre et froid.

Jamais je n'ai vu personne y entrer. À part moi. Jamais. La seule femme à franchir le seuil de la porte est celle qui fabrique toutes ces jolies choses. C'est aussi elle qui les vend.


C’est une petite femme, fluette, à la peau claire, aux cheveux roux et lumineux, toujours habillée de vêtements souples aux motifs fleuris et colorés. Quand elle ouvre sa boutique, le matin, la lumière s’engouffre avec elle et envahit la pièce. Alors, les yeux des poupées pétillent, les marionnettes frémissent et les bestioles semblent échanger des regards malicieux. La petite boutique se remplit chaque matin d'une chaleur douce et sucrée qui filtre à travers le plancher, grimpe le long de mes jambes et réveille en moi une nuée de papillons qui frémissent dans ma poitrine.

Peu après mon emménagement, poussé par la curiosité, je suis allé rendre visite à cette femme que je trouvais alors étrange. Pour lui acheter une poupée, ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs. Elle était là, tout au fond, assise derrière un large bureau en chêne recouvert d'outils, d'ustensiles divers, de lambeaux de textile et de laine. Elle irradiait. Autour de moi, je percevais comme un souffle, une respiration. Tous ces petits êtres, posés sur les étagères, suspendus à des fils transparents ou disposés sur les tables basses… Ils étaient immobiles, évidemment, mais… ils vivaient, j'en avais l’intime conviction, sans pour autant pouvoir l’expliquer.

Suivi par des centaines de regards pétillants, je me suis dirigé vers le fond de la boutique. Les mains de la jeune femme, diaphanes, jouaient avec les aiguilles, le fil et les petites pièces de bois finement sculptées. Sous mes yeux, en l’espace de quelques minutes, une marionnette avait pris vie.

Encore mal à l’aise, et à voix basse pour ne pas la déranger, je lui ai demandé de me proposer un jouet, pour une petite fille de trois ans, ma nièce. Je n’ai pas de nièce. Mais je n’ai rien trouvé d’autre pour engager la discussion. Si j’avais eu des enfants, ça m’aurait au moins évité de raconter n’importe quoi. Mais non. C’est donc ma nièce imaginaire qui héritera de l’objet. J'étais fasciné par la grâce de ses mouvements, par les volutes que formaient ses gestes simples et élégants. Lentement, elle a levé les yeux et, d'une voix douce, m'a conseillé une jolie petite poupée, dodue, aux longs cheveux de laine orange. Elle l'a déposée dans mes mains. Une intense chaleur s’est alors mise à envahir mon corps. Tout vibrait autour de moi. Tout ! Les poupées exposées se mirent à parler ensemble, à rire. Les marionnettes, une à une, s’approchèrent de moi, se mirent à danser. Quant aux animaux en mousse, ils se réunirent tous au centre de la pièce et défilèrent en cortège, pour envahir la boutique du sol au plafond. Tout malaise en moi avait disparu et laissé place à un fol émerveillement.

La petite femme est ensuite retournée à son ouvrage. Elle n'a pas souhaité d'argent. Abasourdi par l’enchantement dont je venais d’être témoin, j’ai quitté la boutique, regagné mon appartement et déposé la poupée au centre de mon canapé. Le temps s’était arrêté.

Depuis ce jour, je passe régulièrement la voir. À chaque fois, le miracle a lieu. Et peu importe que ma chambre et mon salon soient submergés de poupées, ma vie a changé. Ce qui se passe, entre cette femme et moi, je ne le comprends pas, mais plus jamais les papillons n’ont quitté ma poitrine.

Durant les années qui suivirent, j’ai continué à l’observer, chaque jour, depuis mon appartement.

Et chaque jour, elle arrive à la même heure, sur son vélo jaune. Seule. Toujours seule. Jamais personne ne semble faire attention à elle. Jamais personne ne la salue ni ne rentre dans sa boutique. Elle n'existe pas. Il m’arrive de penser qu’elle n’existe que pour moi.

Et quand elle part, le soir, dans sa boutiques aux lumières éteintes et aux portes closes, à travers les fines lattes de plancher, j'entends parfois les poupées pleurer, soupirer, sangloter. Jusqu'au matin.

À dix heures, elle revient. Et à chaque fois... à chaque fois qu'elle arrive, sur son vieux vélo jaune, cinq mille cygnes l'accompagnent, s'élèvent dans le ciel et disparaissent dans la clarté du soleil.